Vision de peintre

Voir (peut-être comme aux premiers jours) quand notre cerveau était moins encombré.
Car la plupart du temps on ne voit rien car on ne prête aucune réelle attention à ce qui est devant et en nous également.
Nous sommes comme absents au Monde trop obnubilés par nos préoccupations, notre vie.
Peindre ce serait comme saisir ce qui apparaît dans sa forme immédiate et simultanément ce qui nous échappe mais qui contiendrait une part de l’essentiel.
Quand Cézanne peint la montagne Sainte-Victoire il dépose non seulement ce ciel bleu légèrement voilé de violet, jaune…ainsi que le relief boisé et rocailleux mais il restitue également le rayonnement solaire qui apporte la vie et le noyau interne de notre globe qui la structure.
Cependant la difficulté n’est pas mince car cela nécessite un esprit libre capable de s’extirper du flux incessant de nos idées et du brouillage dû à notre savoir, nos connaissances, nos désirs, notre humeur…

La peinture est tout sauf une question de peinture.
C’est aller à la rencontre de l’invisible au moyen du visible pour faire apparaître ce qui est et ce qui se dérobe.

Capter l’indicible pour dire la vie.

Dominique HUSSON – 2017